La nuit tombait, il gelait à pierre fendre. L’homme en sweat shirt et cheveux blonds marchait dans la rue déserte. La lumière jaunâtre que réfléchissaient les réverbères conférait une certaine atmosphère apocalyptique. L’air était lourd. L’homme avait peur. Il savait que les choses risquaient d’arriver d’une minute à l’autre. Mais il ne devait pas courir, il ne pouvait pas courir. La blessure sanguinolente sur la partie inférieure de sa jambe l’empêchait de faire ce moindre effort. Ils l’avaient bien amoché. Il savait qu’il allait mourir d’une minute à l’autre. Mais poussé par un instinct de survie, presque animal il était prêt à leur résister encore. Il ne pouvait pas abandonner. Pas maintenant.

Ses poursuivants voulaient l’avoir pour eux. Ils étaient poussés par la faim. Peut-être qu’ils allaient le dévorer. L’homme ne pourrait pas devenir l’un deux. Il se disait que peut être cette mort serait moins douloureuse, moins dégradante. Il allait simplement sentir leur mâchoire d’acier se refermer sur ses membres.

Il frissonna. Il respirait bruyamment, un nuage de vapeur s’était formé. De la sueur coulait le long de de son dos. La panique s’installait en lui. Il savait qu’ils allaient venir le chercher. Bientôt, dans une fraction de seconde peut être.

Sa main courue le long de son jean déchiré. Il trouva son holster et en extirpa en pistolet. Le froid métallique de la crosse lui procura une étrange sensation : du bien être mélangé à de la peur. Il ôta le cran de sécurité et poussa le chien de l’arme. Ces gestes qui un mois auparavant aurait été d’une extrême complexité relevaient maintenant d’une simple routine. C’était effrayant. Se dire qu’il pouvait enlever la vie d’un simple geste…

Clic clac, une balle s’était engagée dans le canon du glock.

« Venez, je vous attends. »

Sa voix le surpris. Cette inflexion grave presque gutturale.

Un hurlement transperça le silence. Ils étaient là.

Humains transformés en animaux. Affamés de chair fraiche. Errants sans aucun but le corps en décomposition. Ils se déplaçaient en hordes. Intelligence commune, sans ça ils étaient démunis. Le peu de matières grises qu’ils avaient avait été perdu pendant l’infection. Elle durait quelques minutes pour les moins résistants, un jour ou deux au meilleur. D’abord les malades ne sentaient rien, puis une douleur imperceptible s’emparait de leur corps. Les vomissements arrivaient en général très rapidement. Le paroxysme de l’infection se traduisait par une fièvre et des hallucinations. Survivre deux jours avec cette maladie relevait du calvaire et puis de toute façon tu étais sûr d’y passer.

L’homme tira sans sommation. Un flash illumina le ciel noir. Tout de suite après un bruit de crane brisé retentit. Il avait bien visé. Il pouvait presque imaginer la balle perçant la boite crânienne, creusant un sillon dans les tissus nerveux, déversant un flot de sang.