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 L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed

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Cosmic
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L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed Empty
MessageSujet: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed EmptyLun 5 Aoû 2013 - 22:32
Il s’agit là du premier numéro (en plusieurs partie à cause de la longueur) d’une série de nouvelles que je posterai à un rythme très irrégulier contrairement à No Hope Without Future jusque-là et pour lequel je prends d'ailleurs une petite pause parce-que la chaleur fait baisser la qualité de mon travail sur cette histoire. Les péripéties de Violet Reed sont sur un ton plus léger et contemporain, ce qui rend son écriture (et probablement sa lecture aussi) moins lourde. J’espère que cela vous plaira.
Et merci Word pour la conjugaison du passé simple à la première personne, tu es mon sauveur ♥
(remarquez d’ailleurs le jeu de mots pour le titre de cette nouvelle hihi)


Les péripéties de Violet Reed - Histoire 1 ; partie 1
L'EV DE LA VENGEANCE
J’avais envie de me transformer en petite souris pour courir me réfugier loin de tout, ou du moins loin du grand patron qui hurlait un tas d’insultes et de reproches à tout notre département. A côté de moi, mon supérieur ne cessait de s’excuser pitoyablement. Ce type n’avait vraiment pas de tripes. Quant à moi, j’avais mal aux oreilles et j’avais hâte que les remontrances se terminent. Manque de bol pour moi, le patron avait l’air en grande forme, il allait donc déverser verbalement sa colère sur nous pendant encore un bon moment. Une partie de moi admirait sa formidable endurance, il ne manquait pas d’arguments pour nous rabaisser avec style. Toutefois, j’aurais préféré qu’il la mette en veilleuse ou qu’il baisse au moins le volume. Il me tardait d’être chez moi à manger des petits gâteaux en changeant la couleur de mes ongles à l’extérieur sur la terrasse. A ce moment-là, je pensais que nous nous en sortirions seulement avec la soufflante du big boss. Enfin, ce fut le cas pour tous mes collègues mais pas pour moi.

Quelques jours plus tard, j’étais transférée dans un département de l’entreprise que personne ne voulait. C’était celui de l’évènementiel que tout le monde dans la boîte appelait EV pour faire plus court. Il offrait des perspectives professionnelles intéressantes car on ne s’y ennuyait jamais. En fait, ce qui glaçait le sang des employés dès qu’on parlait de l’EV, c’était le responsable du département. Etre transféré à l’EV était considéré comme une terrible punition dans l’entreprise, des personnes par le passé avaient préféré démissionner plutôt que d’y aller. Au lieu d’éclater en sanglots comme n’importe quelle chochotte, mon visage se déforma en une horrible grimace à la vue de la notification de transfert donnée en mains propres par mon supérieur. Mains propres, c’était vite dit, ses mains n’étaient pas si propres que cela puisque le bougre avait rejeté sur moi tout la responsabilité de l’échec qui nous avait valu une heure de torture auditive infligée avec tant de passion par le patron, avec à côté de lui sa petite fouine d’assistant qui avait hoché la tête à tout ce qu’il avait hurlé. J’étais donc ce qu’on appelait un bouc-émissaire, un sacrifice, un simple pion. Il était donc tout naturel à ce que j’ajoutasse mon supérieur, ou plutôt désormais ex-supérieur, à ma petite liste noire. Œil pour œil, dent pour dent. Qui me fait des crasses, je lui en fais payer le double ! Un jour viendra où il ne s’attendra pas à mon impitoyable vengeance, il ne fera pas le fier lorsque cela lui tombera dessus.

En attendant ce jour glorieux, j’avais balancé toutes mes affaires dans un carton estampillé du logo de l’entreprise puis pris l’ascenseur à destination du premier étage. Je venais du sixième, c’était une déchéance jusque dans le sens géographique du terme. En sortant, je dus longer un couloir jusqu’à une porte tout ce qu’il y avait de plus banale sur laquelle était fixée un écriteau indiquant « Département de l’Evènementiel », à la ligne « Responsable : Cameron Reed ». Comme si de le croiser lors des réunions de famille ne suffisait pas, il fallait aussi que je passe mes journées de travail avec lui à présent. Dans une échelle de un à dix des pires trucs qui pouvaient m’arriver dans cette boîte, je notais cela à douze, sans la moindre hésitation. Cameron était mon beau-frère et je n’étais jamais parvenue à m’entendre avec lui depuis que j’avais épousé son frère aîné deux ans plus tôt, et ce dès le départ puisqu’il avait été opposé à notre mariage. Il devait penser que j’étais comme toutes les croqueuses de diamants qui tournaient toujours autour de Mason, mon mari, uniquement parce-que la famille Reed était immensément riche. Mais même si celui-ci gagnait extrêmement bien sa vie, je persistais à vouloir travailler afin de préserver mon indépendance. Et aussi parce-que je deviendrais folle si je devais jouer le rôle de la bonne petite femme au foyer qui se devait d’être parfaite. Travailler me donnait une excuse pour ne pas avoir à être irréprochable auprès des autres riches épouses du cercle des proches de ma belle-famille.

Je toquai à la porte et entrai dans une salle de taille modeste mais bien aérée pour les trois seuls employés qui y travaillaient. Au centre de la pièce, quatre bureaux se faisaient face deux par deux, seulement deux étaient occupés par deux employés de sexe masculin. Un cinquième trônait devant ces bureaux placés perpendiculairement à celui-ci, un homme aux cheveux sombres y était installé et proférait des menaces au téléphone. Typique de Cameron. Les deux employés levèrent le nez de leur ordinateur lorsque je me présentai. Violet Reed, transférée à ce jour du département logistique à celui de l’évènementiel. Faisant le rapprochement avec mon nom de famille, ils se tournèrent ensuite vers leur chef qui commençait à réellement perdre patience au téléphone. Mieux valait ne pas le déranger en cet instant s’ils ne voulaient pas subir la colère qu’il accumulait à l’encontre de son interlocuteur. Ils étaient installés aux deux bureaux les plus proches de celui de Cameron, les deux autres étaient libres, je pris place à côté de l’employé le plus âgé car c’était celui qui était le plus proche de la sortie, ce qui démontrait bien ma motivation à travailler dans cette section de l’entreprise. Le plus jeune, qui devait avoir une trentaine d’année se présenta sous le nom de Neil Sand. Il me serra la main d’une poigne solide. Il ne portait pas d’alliance mais la photo d’une adorable petite fille occupait son bureau surchargé, il s’agissait certainement de sa fille. L’autre m’adressa un sourire bienveillant en déclarant s’appeler Jonathan Duke le troisième, son père et son grand-père avaient porté le même nom avant lui. Il précisa cependant avec humour qu’il n’y avait pas de quatrième, sa femme avait absolument tenu à ce que leur fils s’appelle Ian, comme Ian Solo de Star Wars car elle en avait été fan. Il avait l’air d’être proche de la retraite mais pas du tout à la traîne comme on pourrait s’y attendre d’un employé âgé. Ils m’interrogèrent ensuite sur mon nom de famille qui était le même que celui de leur chef, je dus alors leur expliquer que j’étais à mon grand dam la belle-sœur de Cameron.

Je ne m’étais pas encore assise lorsque ce dernier raccrocha violemment au nez de son interlocuteur et se leva de son fauteuil en m’adressant comme toujours un regard lourd de suspicion. Je soupirai et m’approchai alors de son bureau en lui tendant ma notification de transfert qu’il me prit des mains sans concession. Il fronça les sourcils à mesure de sa lecture et me traita d’idiote pour ne pas avoir défendu mon poste à corps et à cris. Tiens ? Il était donc au courant de mon rôle dans toute cette farce ? Dire que je pensais qu’il ne se préoccupait nullement de mon sort. Il ajouta cependant qu’il était hors de question que je reste dans son département, je devais selon lui absolument retourner à la logistique. J’avais beau rétorquer que je n’avais pas le choix, il confirma à nouveau son opinion. Il me détestait ainsi à ce point. Quel fumier, je ne lui avais jamais rien fait moi ! Je m’étais toujours efforcée d’être sympa avec lui et il ne m’avait jamais adressé un seul sourire en retour. Il me tapait déjà sur les nerfs. Je retournai m’asseoir en lui reprenant la feuille aussi aimablement qu’il s’en était saisie et sortit ses affaires avec grand bruit du carton. Il était certainement sur le point de poursuivre la querelle lorsque le téléphone sonna et qu’il dut décrocher. Douze sur une échelle de un à dix ? Je n’avais peut-être pas vu assez haut…

Je passai ensuite la journée à classer des documents pendant que mes collègues faisaient des choses bien plus intéressantes sous les ordres du tyran pour lequel ils semblaient éprouver du respect. A seize heures cinquante-neuf, je ne quittai pas l’horloge des yeux afin de me lever à dix-sept heures pile pour rentrer chez moi. Partout m’aurait bien allé de toute façon tant que cela m’aurait permis de m’enfuir de cette salle. Mais chez moi, personne ne m’attendait. A mon retour à la maison, j’étais seule, Mason terminait tard ces derniers temps. Je ne le montrais pas en sa présence mais son absence commençait à me peser, je n’aimais pas la solitude. Pour compenser, je mangeais des chips et des gâteaux en regardant des navets à la télévision, me déguisant comme une adolescente en trouvant un thème différent chaque jour et en changeant la couleur de mes ongles tous les soirs. Je m’ennuyais en somme. Je dirais même pire, ma goinfrerie m’avait fait gagner deux kilogrammes le mois dernier. Rien que cela était impardonnable de la part de mon mari. Il fallait absolument qu’il passe plus de temps à la maison, c’était de sa faute si j’avais pris du poids. Après tout, c’était toujours plus facile d’accuser les autres plutôt que d’admettre qu’on avait mal agi, n’est-ce pas ?

Le lendemain, j’étais décidée à ne pas laisser Cameron me marcher sur les pieds. Nous étions de la même famille après tout, pour le meilleur et pour le pire. C’était avec de la détermination dans le regard que je poussai la porte de l’EV à neuf heures pétantes. Mes collègues Neil et Jonathan prenaient un café avant de commencer le travail tandis que leur chef était en train de lire le journal à son bureau. Lorsqu’il m’aperçut, il le plia et le rangea dans un tiroir avant de se lever. Il pointa alors vers moi un doigt accusateur et entreprit une longue tirade bien formulée et sans reprendre sa respiration entre temps pour me signifier qu’il ne m’avait jamais autorisée à partir si vite la veille, que c’était lui qui commandait ici et qu’il se fichait éperdument que nous portions le même nom de famille car je n’étais que la femme stupide qui avait accepté d’épouser son grand frère d’autant plus stupide et que comme j’avais moins travaillé que les autres qui étaient restés un peu plus tard, ce serait à moi de faire des heures supplémentaires ce soir. Je n’avais même pas pu en placer une. A quoi bon de toute façon… Le plus impressionnant dans tout cela était qu’il n’était même pas essoufflé. Soit ! Je le ferais son travail en plus, ce n’était pas comme si j’avais mieux à faire de toute façon. Adieu ma belle résolution de ne pas le laisser me marcher sur les pieds ~

Je passai à nouveau ma journée à faire du classement. Pour qui me prenait-il ? Sa secrétaire ? Passer de la logistique à l’EV était vu comme une énorme rétrogradation au sein de l’entreprise. Les employés de ce département étaient mal vus parmi les autres salariés mais personne ne voulait se frotter à Cameron Reed, dit le démon de l’EV. Je n’avais pas parlé à mon mari de ce transfert injuste, il travaillait suffisamment en ce moment pour avoir ses propres soucis et ne voulait probablement pas que nous parlions travail lorsqu’il rentrait. Mes anciens collègues ne voulaient plus m’adresser la parole, de peur que le transfert ne soit contagieux. J’étais isolée, je n’avais personne à qui confier mon insatisfaction. Pourtant, Neil et Jonathan n’avaient pas l’air de se déplaire à l’EV, ils semblaient même tirer une certaine fierté de leur travail. C’était tout de même injuste, je n’avais rien fait pour mériter cela.

A dix-sept heures, mes deux collègues me souhaitèrent une bonne soirée avant de rentrer chez eux. Cameron quitta la salle quelques minutes après eux. J’étais seule et je continuais de classer les documents du département, les garçons avaient été accablés de travail pendant des mois et tous ces papiers s’étaient entassés dans un coin de la pièce. J’en aurais encore pour plusieurs jours avant de terminer. Cette salle paraissait bien vide avec seulement moi à l’intérieur. En regardant autour de moi, je remarquai que le chef avait oublié la veste de son costume sur le dossier de son fauteuil. Hors de question qu’il me téléphone pour que je la lui rapporte chez lui. Je réalisais d’ailleurs que je ne connaissais même pas son adresse alors qu’il faisait partie de ma famille. Je n’eus toutefois pas à m’en soucier car il revint dans la salle et se réinstalla à sa place afin de poursuivre son travail. J’avais pensé être la seule à devoir faire des heures supplémentaires mais il était la lui aussi. Ne pas me retrouver tout seule m’apportait du réconfort, même si cela signifiait devoir compter sur la présence de mon beau-frère qui était loin de me porter dans son cœur. Ce travail en plus ne dérangerait certainement pas Mason, il se pouvait même que je sois rentrée avant lui.

Je ne m’étais pas attendue à me sentir aussi seule en épousant Mason, que j’avais connu par une ancienne camarade de mon université. J’étais tout de suite tombée amoureuse de lui. C’était un très bel homme avec beaucoup de charme et le verbe habile. Au bout de quelques mois de relation, il avait demandé ma main au bord d’une plage mexicaine lorsque nous étions partis en vacances rien que tous les deux. Évidemment, j’avais tout de suite acceptée, j’étais déjà folle de lui à l’époque et ne pouvais imaginais ma vie sans lui. Il avait été pour ainsi dire toute ma vie. C’était lors de notre somptueux mariage intégralement financé par ses riches parents qu’il m’avait présenté à son frère Cameron. Je l’avais salué mais il ne m’avait pas répondu. Ce jour-là, il ne m’avait pas adressé un seul mot. Je l’avais pris pour quelqu’un de réservé mais j’avais pu témoigner au cours des semaines suivantes de sa véritable personnalité lors des nombreux repas de famille auxquels j’étais désormais automatiquement conviée. Il s’était toujours montré froid et rude avec moi, m’évitant autant qu’il le pouvait. Je l’avais même entendu un jour suggérer à Mason de divorcer. Il ne manquait pas de toupet. Mon mari, en revanche, était tout le contraire de lui. C’était quelqu’un de chaleureux, doux et attentionné. Jamais un mot ou un geste de travers. Il s’efforçait toujours de faire tout son possible pour me rendre heureuse. D’accord, je le voyais peu en ce moment car il travaillait beaucoup mais c’était un moindre mal. Peut-être faisait-il cela pour accumuler suffisamment de travail accompli afin que nous puissions partir en vacances, ce serait une surprise qu’il voudrait me faire. Dans cette éventualité, je ne posais pas de question afin de ne pas gâcher la surprise. Je voulais lui laisser ce plaisir. C’était vraiment à se demander comment deux frères pouvaient être aussi différents.



Dernière édition par Cosmic le Jeu 8 Aoû 2013 - 11:55, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed EmptyJeu 8 Aoû 2013 - 11:54
Voici la deuxième partie de cette nouvelle. Contrairement à mes chapitres de NHWF qui ne sont divisés qu'en deux, cette nouvelle sera divisée en 3 parties. Au final, cela me prendra une dizaine de pages sur word.


Les péripéties de Violet Reed - Histoire 1 ; partie 2
L'EV DE LA VENGEANCE
Le jour suivant fut néanmoins différent. Quand j’étais entrée dans la salle à neuf heures, Neil, Jonathan et même Cameron se tenaient debout et semblaient m’attendre. Je posai mon sac sur mon bureau en les fixant d’un air interrogateur et mon beau-frère expliqua l’objectif du jour, qui était de me faire retourner dans le département logistique. Il me reprocha de ne pas travailler assez vite puis ajouta que cela leur avait parfaitement convenu de rester ici entre hommes jusqu’à maintenant. J’avais envie de lui coller mon poing dans la figure. Il y avait d’autres façons de dire les choses. Il m’énervait. Neil prit le relais en m’annonçant que Jonathan et lui avaient passé la soirée de la veille à enquêter auprès de nombreux restaurants de la ville et que cela leur avait permis d’obtenir des indices qui pourraient prouver aux plus hauts sommets de la hiérarchie que je n’avais pas mérité ma rétrogradation. Cela me permettrait ainsi de retourner à mon ancien poste lorsque toute la vérité éclaterait au grand jour. L’erreur monumentale qui m’avait valu ce transfert en EV avait financièrement coûté très cher à l’entreprise. Pourtant, je savais que je n’avais fait aucune erreur et mes collègues voulaient m’aider à le démontrer. Ils me connaissaient à peine et avaient la bonté de s’impliquer dans une affaire pour laquelle ils auraient pu détourner le regard. Entre eux deux, Cameron était appuyé contre son bureau, les bras croisés, et demeurait silencieux. Il semblait approuver l’idée de ses subordonnés, je n’aurais jamais cru cela de sa part. Quelque chose n’allait-pas ? Etait-il souffrant ? D’autant plus que nous passâmes ainsi la journée à discuter du plan à mettre en place pour rétablir la vérité alors qu’une montagne de travail nous attendait. Qui viendrait vérifier que les employés de l’EV ne tiraient pas au flanc de toute façon ? Tout le monde avait trop peur de Cameron Reed pour oser ne serait-ce que pousser la porte. D’ailleurs, ce dernier s’était tenu à l’écart de nos manigances et s’était attelé à son travail comme il le faisait tous les jours. Cela se résumait à un tas de paperasses, des discussions houleuses au téléphone et des critiques très fleuries à propos du goût infâme de la mixture que nous appelions café. C’était à croire que cette machine était faite pour sortir uniquement du jus de chaussette. Toutefois, elle était vitale à notre productivité, il était difficile de travailler sans la dose minimale requise de caféine.

Le soir venu, nous étions tous les quatre dans un restaurant huppé du centre-ville. Contre toute attente, Cameron s’était joint à nous et sa présence eut l’avantage de rassurer Neil et Jonathan qui n’étaient guère habitués au standing de ce type d’établissement. Pour ma part, il m’avait fallu du temps pour m’adapter, je ne venais pas d’une famille fortunée contrairement à mon mari. En tant qu’employés du département de l’évènementiel, mes collègues connaissaient de nombreuses enseignes hôtelières ainsi que leur personnel. C’était ainsi qu’ils avaient eu accès à des informations susceptibles d’intéresser les patrons de la boîte. C’était effrayant de constater qu’ils disposaient plus ou moins d’un large réseau d’espions à travers toute la ville. Toujours aussi peu concerné, notre chef se comportait quant à lui comme n’importe quel client privilégié du restaurant. J’avais voulu lui demander ce qu’il fichait là avec nous si ce n’était pas pour nous aider mais ce n’était pas le moment de me faire rembarrer. En effet, mon ancien supérieur le responsable du département logistique venait d’entrer dans le restaurant en compagnie de son subordonné le plus lèche-botte et d’une superbe jeune femme certainement deux fois plus jeune que lui. A leur vue, Neil, Jonathan et moi nous cachâmes derrière nos menus dépliés afin de ne pas être reconnus. Cameron ne bougea pas d’un pouce, il hésitait entre la sole et la côte de bœuf. Irrécupérable, ce gars-là ! Les nouveaux clients furent installés à une table derrière nous, une plante massive dissimulait efficacement notre présence, coup de chance pour nous.

Mon ancien supérieur, monsieur Carter, proposa à celle que nous supposions être sa maîtresse, à en voir la façon dont elle se tenait contre lui, de choisir absolument tout ce qu’elle voulait sur la carte. Les prix sur la carte que je tenais juste sous mes yeux me firent faire un mouvement de recul. L’ex-pauvre que j’étais trouvait les prix absolument exorbitants, ça n’était pas donné, même pour un chef de département. Enfin sauf pour Cameron qui ne les regardait probablement pas, un Reed n’avait pas besoin de se soucier d’un prix. Toutefois, comment ce faisait-il que Carter puisse aussi se le permettre ? Ce n’était pas normal, cela ne collait pas au reste. Il portait un costume bon marché, se parfumait avec un aftershave qui prenait au nez mais pouvait se permettre le luxe de manger dans ce genre d’établissement et d’entretenir une maîtresse. C’était vraiment étrange. Surtout pour la maîtresse, ce type avait le physique ingrat et une silhouette en spaghetti. Je ne voyais pas ce qui pouvait lui plaire chez ce type. Cameron répondit à mes suppositions exprimées tout haut en décrétant que c’était l’argent. Comme beaucoup de femmes, celle-ci était attirée par l’argent. Je plissai les yeux en sa direction, il y avait un sous-entendu certain dans sa déclaration. Il avait le culot d’insinuer que j’avais épousé son frère pour sa fortune. Il n’avait même pas besoin de me désigner directement, je savais que j’étais la cible implicite de l’accusation qu’il avait formulée.

Une serveuse prenait notre commande lorsque je sentis mon téléphone portable vibrer dans ma poche. Le nom qui s’afficha à l’écran me fit me lever soudainement et m’éloigner de la table afin de ne pas déranger mes collègues avec une conversation privée. L’appel venait de Mason pour m’informer qu’il ne rentrerait pas de la nuit, il avait dû se déplacer chez un client situé très loin, l’obligeant à passer la nuit dans un hôtel des environs du lieu où il avait été envoyé. La déception dût s’entendre dans ma voix car il ajouta qu’il comptait se rattraper en m’offrant un superbe cadeau. Puis il raccrocha, il s’était brièvement éclipsé pour passer ce coup de fil. Chagrinée, je baissai les yeux vers mon téléphone dont l’écran comportait une photographie de mon mari et moi prise lorsque nous avions fêté notre anniversaire de mariage durant un long week-end à Venise le mois précédent. J’allais encore être seule et j’avais oublié de lui demander à quel moment exactement il serait de retour à la maison. Peut-être que lui-même ne le savait pas. Au moins, je n’aurais pas à me soucier de l’heure à laquelle je rentrerais chez moi. Après avoir poussé un soupir de dépit, je repartis m’installer à table et m’efforçai de ne pas montrer ma déception.

Nous discutâmes peu lors de ce délicieux repas, nous étions là en premier lieu pour espionner Carter qui ne cessait de se vanter de sa position au sein de l’entreprise, de la promotion qu’il convoitait et obtiendrait prochainement et de la fortune qu’il détenait. Tout cela n’était rien d’autre que du vent ! Le poste de responsable d’un département n’avait rien d’aussi exceptionnel qu’il le prétendait, il n’aurait pas de promotion de sitôt car il n’en fichait pas une et se contentait de brosser les patrons dans le sens du poil. Quant à sa fortune, ce n’était que fabulations, son salaire était loin d’atteindre ce qualificatif. Mais au moment du dessert, il nous servit quelques révélations croustillantes. Enfin un sujet intéressant, il était temps ! Carter et son assistant discutaient de l’affaire qui avait tant provoqué la colère du grand patron, cette histoire qui lui avait coûté un gros pactole et pour laquelle j’avais servi de bouc-émissaire. En réalité, ils avaient été les instigateurs de cette fichue histoire et l’argent n’avait nullement été perdu, il avait atterri dans leurs poches à coups de faux rapports et pertes dissimulées. Pour mettre la cerise sur le gâteau, ils discutèrent de mon transfert à l’EV, ou plutôt en rirent. Carter exposa qu’il aurait été plus pratique de me faire virer mais comme le patron avait craint une réaction de ma belle-famille, j’avais seulement été transférée. Le fumier ! Son assistant ajouta que je devais être contente de travailler désormais sous les ordres de mon beau-frère. Alors ça, c’était complètement faux ! Puis Carter assena le coup de grâce en concluant qu’il n’avait jamais pu supporter la femme richarde que j’étais, que je n’avais rien à faire dans cette entreprise puisque j’étais une Reed. Et ils se mirent à éclater d’un rire gras, guttural. Je serrais les poings et les mâchoires, je ne pouvais prendre le risque d’être exposée après avoir entendu de telles confessions. J’avais juré de me venger en lui rendant la double monnaie de sa pièce, j’allais bientôt l’avoir ma vengeance ! Ils ne perdaient rien pour attendre ces deux rats crevés et ils allaient réaliser à quels points ils avaient été stupides de dérouler tous leurs procédés sans se douter que nous étions juste derrière eux pour les écouter.

Le lendemain, j’avais été plus déterminée que jamais en venant travailler. Mon mari n’était pas rentré de la nuit, certes, mais cela m’avait permis de réfléchir à ma propre situation professionnelle. J’avais retourné le problème dans tous les sens mais celui-ci n’allait pas durer bien longtemps, la vérité allait éclater et j’allais pouvoir retourner à mon ancien poste ! Hélas, il y avait bien quelque chose que je n’avais pas calculé. Ou plutôt quelqu’un. Cameron. Lorsque je lui avais dit en arrivant au bureau que nous devions aller voir le PDG sur le champ pour tout lui raconter, il pouffa brièvement en me lançant un regard des plus hautains. J’étais une idiote. Enfin, il n’avait pas prononcé un mot mais rien que l’expression qu’il afficha en me regardant voulait tout dire. Neil lui apporta un café et me salua poliment avant de m’expliquer que des aveux volés ne suffiraient pas. Nous aurions besoin de plus de preuves pour m’innocenter. Je tournai alors un regard mauvais à l’encontre de mon beau-frère. Ne pouvait-il pas me le dire simplement plutôt que de se moquer de moi ? Bien-sûr que non voyons, se montrer plus aimable aurait été tellement moins intéressant. En m’installant à ma place, je remarquai l’absence de Jonathan. La veille, il avait parlé d’un repas à organiser pour l’entreprise. C’était sûrement pour cela. L’EV avait un travail à part au sein de la boîte. Nous ne participions pas à l’activité de celle-ci, nous travaillions en réalité pour ses employés. C’était un boulot sympa mais bien ingrat, les possibilités d’évolution de carrière étaient presque égales à zéro et comme le département n’engrangeait aucune entrée d’argent, il n’y avait pas de prime à la participation aux bénéfices. Mon affectation à l’EV avait été une punition pour ma part. Mais qu’en était-il de mes collègues ? Qu’avaient-ils fait pour se retrouver là ? Pour Cameron, je pourrais dire que ce serait à cause de son exécrable personnalité mais j’en ignorais la cause en réalité. Quant à Neil et Jonathan, ils paraissaient pourtant être des employés très capables, je ne comprenais pas vraiment ce qu’ils faisaient ici mais ils travaillaient avec sérieux et enthousiasme.

Il fallait donc trouver des preuves de la magouille de Carter. J’étais une ancienne employée du département logistique, j’en connaissais donc les ficelles. De ce fait, personne dans ce bureau ne pouvait mieux savoir que moi comment ce renard décrépi s’y était pris pour dérober un tel magot. Le problème était que je n’en avais pas la moindre idée, la pensée de voler l’entreprise qui m’employait ne m’avait même jamais traversé l’esprit. En attendant de trouver miraculeusement une idée, je continuai le classement en retard tandis que Neil étudiait le golf sur internet, le directeur des ressources humaines avait requis ses services pour une partie de golf avec les gros bonnets de la boîte qui aurait lieu le lendemain matin. Il allait certainement être réduit au rôle de caddy mais il préférait se renseigner au préalable, au cas où on lui poserait des questions. J’avais remarqué que c’était quelqu’un qui allait au fond des choses, il tenait particulièrement à être calé dans les sujets auxquels il s’intéressait. Neil était un puits de connaissance, ce qui allait avec son caractère naturellement curieux. A son bureau, Cameron fixait l’écran de son ordinateur avec intensité. Il l’aurait certainement transpercé s’il en avait été capable. Ah ! Je me levai soudainement de ma chaise en m’exclamant. J’avais une idée de la façon dont on pourrait obtenir les preuves que nous recherchions. L’ordinateur de Carter ! Et je connaissais justement la personne qui allait pouvoir nous aider. J’attendis alors le retour de Jonathan pour exposer comment nous pourrions procéder.

Lorsque je rentrai du travail ce soir-là, Mason n’était toujours pas revenu à la maison. Il me manquait vraiment. Etre seule dans une aussi grande maison n’était pas pour moi. J’avais hâte qu’il revienne et me prenne dans ses bras. Heureusement que j’avais mon travail pour m’occuper l’esprit pendant la journée, cela aurait été pire si j’avais été une docile femme au foyer à attendre diligemment son retour. Le tic-tac de la pendule aurait fini par m’être insupportable. Cette maison qui était censée être notre nid d’amour ne me rappelait que ma solitude. Mon mari n’avait pas autant travaillé à l’époque de notre mariage. Je savais bien que c’était pour nous qu’il faisait tout cela et qu’il vouait une véritable passion à ce qu’il faisait mais j’avais l’impression égoïste qu’il avait parfois tendance à oublier qu’il avait une femme qui l’attendait à la maison avec de bons petits plats et même parfois des pétales de roses sur le lit conjugal lorsque j’étais d’humeur fantaisiste.



Dernière édition par Cosmic le Ven 9 Aoû 2013 - 13:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed EmptyVen 9 Aoû 2013 - 13:18
Suite et fin de ce premier volume des Péripéties de Violet Reed. J’atteins presque les 10 pages complètes sur Word. Je ne sais pas quand j'écrirai la suivante, je vais me reconcentrer sur NHWF d'ici quelques jours.


Les péripéties de Violet Reed - Histoire 1 ; partie 3
L'EV DE LA VENGEANCE
Lorsque je rentrai à la maison le vendredi soir après le travail, je trouvai mon mari allongé sur le canapé. Il avait dû passer toute la journée sur la route et s’était accordé une petite sieste pour récupérer. Enchantée de le voir finalement à la maison, je le laissai continuer de dormir et entrepris de préparer un délicieux diner. J’en avais eu assez de manger toute seule, tellement que je n’avais pas eu la motivation de préparer quoi que ce soit et m’étais contentée de nouilles instantanées. Lorsque tout fut prêt, je réveillai mon prince d’un baiser sur les lèvres pour l’inviter à se mettre à table.

Samedi vint le lendemain. Mes collègues de l’EV et moi avions prévu de passer à l’action ce soir-là, de dévoiler toute la vérité sur l’affaire qui avait mis le boss en pétard. Pour cause, il y avait un sacré paquet à la clé. J’aurais préféré passer mon week-end tout entier avec Mason mais il avait déjà prévu quelques trucs avec ses amis de son côté de toute façon. Ainsi, je me sentirais moins coupable de ne pas pouvoir rester tout le temps avec lui. Nous avions chacun un rôle à jouer, je connaissais le mien et je savais qu’il n’y avait aucun souci à se faire du côté de mes collègues. Cameron m’avait ordonné de mettre une belle robe, nous entrerions à la fête donnée en l’honneur de l’entreprise par la grande porte en tant que membre de la famille Reed qui y possédait des actions. J’ignorais ce fait, je comprenais mieux que qu’avait voulu dire Carter quand il avait confié que le patron n’avait pas voulu me renvoyer pour ne pas froisser ma belle-famille. Encore une fois, c’était une question d’argent. Les Reed avaient pourtant mieux à offrir que cela. Mes beaux-parents étaient des gens formidables et généreux, mon mari était tout ce que l’on pouvait attendre d’un époux et mon beau-frère était également quelqu’un de très capable malgré notre antipathie mutuelle. Ils étaient devenus ma famille, à moi qui n’avait presque personne.

En fin d’après-midi, lorsque Mason était déjà parti chez un de ses meilleurs amis, on sonna à la porte de ma maison. Je vins ouvrir la porte en mettant mes boucles d’oreilles et découvris Cameron sur seuil de chez moi. J’étais étonné de le voir ici, j’avais pensé que c’était moi qui devais me rendre à l’immeuble où aurait lieu la fête mais il m’informa qu’il était venu me chercher. Je n’étais pas tout à fait prête, je le fis patienter une minute ou deux avant de le rejoindre dans sa voiture. Alors que Mason adorait les voitures de sport, son frère semblait avoir des goûts plus pratiques car sa voiture était une citadine et pas la plus haut de gamme bien qu’elle devait tout de même coûter assez cher à en voir le confort qu’elle fournissait. Dans le véhicule, nous ne nous adressâmes pas un seul mot de tout le trajet. Nous ne nous étions jamais vraiment parlé jusqu’à présent, à part ce qui concernait le travail. En fait, en deux ans depuis que j’avais épousé Mason, nous n’avions jamais autant échangé que depuis que j’avais été transférée à l’EV. Enfin, je doutais que cela puisse être qualifié de discussion puisque nous nous limitions à des discussions portant sur le travail, rien de personnel. D’ailleurs, il ne m’avait pas une seule fois demandé comment allait son frère. En y repensant, il me sembla bien qu’ils n’étaient pas en excellents termes ces derniers temps d’après je ne savais plus qui m’en avait parlé.

Sur le parking, Neil et Jonathan nous attendaient. Ils complimentèrent mon apparence et constatèrent d’un ton léger que j’étais bien une Reed. Le plus âgé remarqua d’ailleurs que mes boucles d’oreilles étaient en diamant. En effet, c’était mon mari qui venait de me les offrir pour se faire pardonner de son absence à cause de son travail. Concernant Cameron, Neil plaisanta en remarquant qu’il était exactement le même qu’au bureau, ce qui n’était pas inexact. Le chef rétorqua qu’il n’allait certainement par porter un smoking, il détestait cela, préférant les costumes trois pièces. Mason, lui, portait très bien le smoking, il dégageait un charme naturel qui faisait que cela lui allait très bien. Cependant, son frère n’avait rien à lui envier. Même si je n’aimais pas Cameron, je ne pouvais que lui accorder qu’il était bel homme, il ressemblait beaucoup à mon beau-père. Il était certainement aussi populaire que Mason auprès des femmes. Nos deux collègues s’éclipsèrent ensuite par une porte de service, leur présence ne paraîtrait pas inopportune puisque c’était Jonathan qui avait été en charge de la fête de ce soir. Je fus d’autant plus impressionnée en pénétrant à l’intérieur de l’immeuble et en constater qu’il avait été l’instigateur de tout ceci, le relais entre l’entreprise et l’établissement hôtelier à l’intérieur duquel nous nous trouvions. Il y avait beaucoup de monde, la décoration était somptueuse et les petits fours avaient l’air délicieux. Mais je n’étais pas là pour manger et les deux kilos que j’avais pris en me goinfrant de cochonneries parce-que l’absence de mon mari me faisait déprimer étaient toujours présents eux. Des actionnaires de la boîte vinrent nous saluer Cameron et moi, non pas parce-que nous étions des employés mais des membres de la famille Reed. L’un d’eux baissa la voix pour me parler d’une rumeur qu’il avait entendu selon laquelle j’avais fait perdre beaucoup d’argent à l’entreprise. Ne sachant que répondre, je me contentai de sourire nerveusement. Mon beau-frère lui répondit qu’il ne fallait pas croire toutes les rumeurs, on ne savait jamais qui pouvait les déformer. Il ajouta d’ailleurs que j’étais une employée compétente en ce qui concernait la logistique, qu’il était donc impossible que j’aie pu causer autant de tort à l’entreprise qui m’employait. Cela ne lui ressemblait tellement pas et avait été si bien dit que j’en fus presque émue. Cameron m’estimait-il donc au moins un peu ? Alors que je levais vers lui un regard plein d’espoir, il poussa un soupir après que les personnes venues nous voir aient papillonné vers d’autres. Tout n’était donc qu’apparence, n’est-ce pas ? J’avais envie de lui planter mon talon dans le pied.

Nous nous intégrâmes à la petite fête afin de ne pas éveiller les soupçons. Carter était là lui aussi. Il avait l’air de s’être acheté un nouveau costume et celle qui se tenait à son bras n’était pas la même femme que la dernière fois, elle était bien plus âgée, il s’agissait certainement de son épouse. Encore mieux que je ne l’avais espéré. Lorsque vint le moment de porter un toast, le PDG s’approcha d’un pupitre muni d’un micro. Derrière lui se tenait une grande toile blanche qui servait à projeter un film commémoratif de l’entreprise. Hélas pour lui, pas de film ce soir, nous avions d’autres idées en tête. Cameron l’empêcha d’atteindre le pupitre en lui serrant vivement la main, le félicitant, cela me donnant le temps de m’installer à la place du PDG devant le micro. Je fis signe à Neil et Jonathan qui se trouvaient près du projecteur. J’éclaircis ma gorge et me présenta à tout l’auditoire. J’étais Violet Reed, 24 ans, anciennement employée du département logistique de l’entreprise, récemment transférée à celui de l’évènementiel. Carter et le PDG m’intimèrent d’arrêter tout de suite, je continuai de raconter mon histoire avec un sourire radieux pour les narguer. J’énonçai ensuite la raison pour laquelle j’avais été transférée en précisant bien que j’aurais dû être renvoyée mais que j’avais pu garder un emploi grâce à des connections que je n’avais d’ailleurs pas utilisées. Toutefois, le problème résidait dans le fait que j’étais tout à fait innocente, sacrifiée au bûcher par l’homme que je désignais franchement du doigt : Carter, mon ancien supérieur. Sur la toile s’affichèrent des dossiers récupérés sur l’ordinateur de ce pourri bien que les fichiers aient été effacés. Défilèrent ensuite de faux rapports, des factures de boutiques et restaurants de luxe ainsi que des photos de Carter en compagnie de sa maîtresse. Celui-ci clama le complot, la diffamation, que tout était truqué. A côté de lui, son épouse était outrée. Le PDG en revanche ne disait rien, peut-être accordait-il du crédit à ce qu’il voyait projeté sur la toile. Neil et Jonathan levèrent haut la main en confirmant que tout était réel, c’étaient eux-mêmes qui avaient recueilli tout cela. Malgré tout, les gens restaient septiques, ma voix manquait de poids mais je n’avais pas dit mon dernier mot. Je tendis la main vers Cameron, qui me confia un petit appareil qu’il avait gardé dans la poche intérieure de sa veste. Puis je tapai du plat de ma main sur le pupitre afin de donner une intensité dramatique à mes arguments, m’approchant du micro et décrétant que quiconque me faisait des crasses, je le lui faisais payer. Le double ! J’enclenchai alors près du micro l’appareil en mode lecture. Toute l’assemblée put entendre les révélations que Carter avait formulées au restaurant sans se douter qui nous les recueillons à ce moment-là. Il dévoilait tout avec son assistant et on l’entendait même discuter avec sa maîtresse. Le visage du PDG était passé de blême à écarlate, la femme de Carter gifla son mari et lui donna un coup sur le torse avec son sac à main avant de quitter la salle. Carter avait beau clamer que ce n’était pas sa voix qu’on entendait, plus personne ne le croyait. Je l’avais ma double vengeance. Il allait être viré et sa femme allait certainement le quitter. Il n’aurait jamais dû me choisir comme bouc-émissaire. Près du rétroprojecteur, mes collègues exultaient, leur travail d’enquête avait payé. Cameron s’entretint brièvement avec le PDG pendant que les agents de sécurité de l’immeuble évacuaient Carter qui hurlait à la machination, à la persécution. Quelques minutes plus tard, l’incident était clos et la fête battait à nouveau son plein.

Avant que je ne rentre chez moi, le grand patron m’avait annoncé mon retour immédiat au département logistique. Je passai ensuite le reste de mon week-end avec un sentiment de devoir accompli. La vérité avait été rétablie et j’avais retrouvé mon ancien poste. C’était donc avec une certaine excitation que j’étais venue au bureau le lundi matin avec mon carton d’affaires que j’avais récupéré le vendredi soir. Je revenais au sixième étage avec un grand sourire sur les lèvres. Le département logistique n’avait pas du tout changé pendant mon absence. Toujours ce même calme et le son des touches d’une vingtaine de claviers troublaient le silence. Le fauteuil du responsable était vide, la place demeurerait certainement vacante tant que les patrons de la boîte ne décideraient pas d’un remplaçant fiable. Je posai mon carton sur mon ancien bureau qui n’avait pas changé lui non-plus. On fit à peine attention à ma présence, les gens me retournaient à peine un sourire pour me saluer. Les choses avaient-elles toujours été ainsi ? C’était drôlement différent de l’EV où on papotait avant de se mettre au travail, rythmé par les ordres de Cameron et ses hurlements au téléphone. Quel caractériel !

Je poussai un soupir et récupéra mon carton. Je n’avais peut-être plus ma place dans ce département. Je pris l’ascenseur afin de rejoindre le premier étage. Dans le couloir, j’entendis les employés de l’EV discuter entre eux. Cela ne se faisait pas d’épier les conversations mais je les avais entendu prononcer mon prénom, j’étais donc curieuse de ce qu’ils avaient à dire à mon sujet. Jonathan constatait qu’ils étaient à nouveau tous les trois, que cela avait été chouette d’avoir une présence féminine dans la pièce. Neil ajouta que je faisais bien le classement, même si je n’avais pas beaucoup l’air d’aimer ça. Il commenta cependant que c’était bien que je puisse avoir rejoint ma place légitime. Cameron se contenta de grogner pour éviter de donner son opinion. J’ouvris finalement la porte, tenant mon carton en main. J’estimais que ma place légitime était ici, à l’EV. Le département logistique était devenu trop silencieux pour moi. Mon beau-frère ne s’afficha pas aussi enchanté que ses subordonnés, il me lança un regard mauvais en mettant en évidence qu’ils avaient lavé mon nom pour rien, prenant sur leur temps de travail pour cela. Puis il m’ordonna de retourner là d’où je venais. Je tendis les bras au-dessus de mon bureau et y laissa tomber mon carton bruyamment. C’était trop tard, avais-je décrété. J’étais là, je restais là. J’en profitai d’ailleurs pour lui lancer un regard de défi. S’il voulait me virer de cette pièce, il faudrait qu’il bouge de son fauteuil pour le faire. Mais il n’en fit rien. Il soupira puis reprit la lecture de son journal, choisissant de m’ignorer plutôt que de perdre son temps pour une cause perdue d’avance. Jonathan me tendit une tasse de cette affreuse mixture caféinée et trinqua à ma santé et à la joie de me retrouver parmi eux. Je me mis à rire avec lui. Au moins, je me sentais la bienvenue ici. J’étais contente d’avoir été affectée à l’EV finalement. On m’avait obligée à y aller afin de me punir d’une faute que je n’avais pas commise et j’y revenais finalement alors que j’avais pu récupérer mon ancien poste. Cette salle n’était pas bien grande, pas très ordonnée et je ne travaillais qu’avec des hommes. Même le responsable était un type qui avait une sale personnalité mais je n’avais pas d’autre choix de le supporter puisqu’il était le frère de mon mari. Toutefois, c’était ici que je me sentais à ma place.

En rentrant chez moi ce soir-là, je découvris dans l’entrée un vêtement féminin qui ne m’appartenait pas le sol. J’entendis également des rires venant du salon, j’avançai doucement et aperçut Mason sur le canapé. Une blonde plantureuse était assise à califourchon au-dessus de lui, à moitié dévêtue. C’était donc à elle qu’appartenait ce chemisier de soie que je laissai alors tomber sur le sol. Apparemment, madame Carter n’était pas la seule à avoir à reprocher à son mari son infidélité. Sous le choc, je ne dévoilai pas ma présence et ressortit de la maison pour grimper dans ma voiture. Je tournai la clé dans le contact et accéléra pour quitter le quartier résidentiel au plus vite. Les deux mains serrant fort le volant pour ne pas les voir trembler, je réalisais à peine ce que je venais de voir. Ce n’était pas un mauvais rêve, c’était la réalité.

Après avoir roulé un bon moment sans destination précise, je me retrouvai à toquer sur l’immense porte d’un somptueux manoir. C’était dans cette maison que je m’étais mariée, il s’agissait de celle de mes beaux-parents. Ils étaient les seuls vers lesquels je pouvais me tourner. La personne qui m’ouvrit fut Cameron qui, en voyant l’expression dépitée sur mon visage, s’écarta pour me laisser entrer. Il ne posa pas la moindre question et partit chercher sa mère qui revint vers moi en me prenant simplement dans ses bras et me caressant les cheveux.

Mais ça, c’est une autre histoire que je vous conterai prochainement.

Fin de la nouvelle
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MessageSujet: Re: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed EmptySam 24 Aoû 2013 - 18:02
Rosa, tu pourras déplacer ce sujet dans les terminés ♥
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MessageSujet: Re: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed EmptySam 24 Aoû 2013 - 18:15
Pas de soucis je fais ca tout de suite (:
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MessageSujet: Re: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed EmptySam 24 Aoû 2013 - 18:22
Merci beaucoup 8D
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MessageSujet: Re: L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed   L'EV de la Vengeance [Nouvelle] ~ n°1 des Péripéties de Violet Reed Empty
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